Les agriculteurs sont inquiets. La période de confinement forcée n’a fait qu’accentuer les difficultés dues en particulier aux caprices de la pluviométrie, surtout durant les premiers mois de l’hiver. Les restrictions imposées à leurs déplacements se sont répercutées négativement sur la conduite de leur activité agricole.
« L’activité agricole devrait figurer parmi les activités qualifiées de « vitales » dès lors qu’elles contribuent aux besoins alimentaires du pays. Au regard de l’importance de l’activité agricole, le confinement doit s’accompagner de mesures plus souples pour les agriculteurs dont les déplacements sont soumis à autorisation. Après tout, ils ne sortent pas pour se promener ! », souligne R.S., un agriculteur exerçant à Mateur.
À l’approche de la récolte céréalière, qui aura lieu le mois de juin prochain, les céréaliculteurs font face aujourd’hui à l’attaque d’une maladie fongique des plus virulentes : la rouille. Si elle n’est pas traitée à temps dès l’apparition des premiers signes, elle risque de réduire considérablement le rendement de la récolte. Toutefois, les difficultés à se fournir en produits de traitement antifongique, à cause des problèmes d’approvisionnement des points de vente mais aussi à cause des contraintes du confinement _ ils ne peuvent se déplacer qu’avec une autorisation qu’ils ont du mal à obtenir en raison des lourdeurs administratives _ont poussé nombre d’agriculteurs à être passifs devant la maladie.
Des plants de céréales détruits par la maladie de la rouille
De nombreuses parcelles céréalières ont été touchées par cette maladie cryptogamique, provoquée par un champignon qui s’attaque aux feuilles et qui détruit les épis des plants de céréales. « Nous sommes actuellement dans la phase de remplissage des épis. Si on ne traite pas les plants de céréales dès les premiers signes de l’apparition de la maladie, le rendement de la récolte céréalière va durement s’en ressentir cette année, d’autant plus que ces maladies antifongiques à l’instar de la rouille donnent lieu à des attaques fulgurantes. Actuellement les petits agriculteurs sont confrontés à deux principaux problèmes. Leurs déplacements sont limités à cause du confinement, malgré des autorisations « théoriques » dont il faut sans cesse négocier la validité. En outre, ils ne peuvent pas se procurer certains produits nécessaires – dont les produits pour le traitement antifongique – en raison des pénuries et des boutiques fermées », explique l’exploitant agricole.
Et de poursuivre :« Au lieu de contribuer à créer les conditions propices à conduire au désastre, notamment pour les petits agriculteurs qui sont déjà suffisamment affectés par l’impact de la sécheresse, les autorités et les structures régionales relevant du ministère de l’agriculture devraient, plutôt, réfléchir à faciliter leurs déplacements ainsi que la disponibilité des pesticides, des traitements antifongiques…. ».
Il semblerait que les producteurs agricoles ne soient pas au bout de leur peine. Alors que la campagne de récolte des fourrages et des céréales se rapproche à grands pas, ces derniers peinent à trouver les pièces de rechange de leurs tracteurs et de leurs matériels et équipements agricoles, à l’instar de la faucheuse, du râteau et de la presse à paille, nécessaires pour la récolte du foin.